De bonnes nouvelles de 2020 qui sont passées inaperçues

Marwa Mourad Mercredi 06 Janvier 2021-10:40:43 Chronique et Analyse
De bonnes nouvelles de 2020 qui sont passées inaperçues
De bonnes nouvelles de 2020 qui sont passées inaperçues

Si pour l’immense majorité d’entre nous l’année 2020 restera principalement comme un mauvais souvenir en raison de la pandémie mondiale sans précédent qui a frappé le monde entier, elle a aussi connu son lot de bonnes nouvelles. Des avancées pour les droits des femmes à la protection des animaux en passant par les progrès de la médecine, les douze derniers mois auront également vu des choses particulièrement positives avoir lieu. Reportage…

 

 

 

Tout n’est pas perdu pour les océans : ils sont résilients

C’est une étude internationale publiée dans la revue Nature qui le dit. Des scientifiques issus de 10 pays estiment qu’il est possible de régénérer la vie marine d’ici à 2050. Les habitats, les populations, et les écosystèmes marins peuvent se rétablir. Les efforts sont payants, soulignent les chercheurs.

"Nous ne sommes pas des rêveurs. L’action menée ces dernières années porte ses fruits. […] La littérature scientifique a des preuves de résilience des océans, mettons-les en avant" explique Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche au CNRS et coauteur de l’étude, sur la RTS.

A titre d’exemple, la proportion d’espèces marines menacées d’extinction est passée de 18% en 2000 à 11,4% en 2019. Les efforts à faire sont immenses, mais l’océan n’est pas encore irréversiblement perturbé.

 

Sida : Premier cas mondial de rémission d’un patient sans greffe de moelle

Est-ce que l’être humain pourra un jour guérir du Sida ? En 2020, c’est probablement le cas. Un homme porteur du Sida a été annoncé par les médecins en rémission depuis plus d’un an, en juillet dernier. Ce Brésilien de 34 ans pourrait donc guérir de la maladie sans même avoir besoin d’une greffe de moelle osseuse, comme ce fut le cas pour deux autres patients ces dernières années. Une avancée majeure, confient à l’AFP les scientifiques des quatre coins du monde qui ont conçu ce nouveau traitement composé notamment d’antiviraux puissants.

 

Une possibilité de recycler le plastique

Recycler le plastique sera probablement bientôt possible. C’est en tout cas ce qu’essaie de mettre au point la start-up française Carbios, accompagnée des chercheurs du Toulouse Biotechnology Institute. Dans un article de la revue scientifique Nature, publié le 8 avril, on apprend que ces chercheurs ont trouvé un enzyme capable de recycler le polytéréphtalate d’éthylène, l’un des plastiques les plus produits sur Terre avec plus de 70 millions de tonnes par an. Cet enzyme est fabriqué par une bactérie qui se trouve dans les composts végétaux. Elle a été améliorée par des chimistes pour augmenter son efficacité. Une usine capable de traiter de cette manière les déchets plastiques devrait voir le jour d’ici 2024 ou 2025.

 

100% d’énergies renouvelables à Sidney

La ville de Sidney en Australie qui compte plus de 5 millions d’habitants, soit deux fois plus que Paris, fonctionne depuis le 1er juillet avec de l’énergie renouvelable uniquement. Ainsi, tous les bâtiments publics tournent grâce à de l’énergie solaire ou éolienne. D’après la mairie de Sidney, ce passage aux énergies renouvelables permet d’éviter l’émission de 20.000 tonnes de CO2 par an. À titre de comparaison, la mairie de Paris veut atteindre cet objectif d’ici à 2050. 

 

Venise, en congé forcé, envisage des alternatives

30 millions de touristes par an. Et puis plus rien. Plus personne. Des rues désertes et des poissons qui reviennent batifoler dans la lagune. C’est l’une des images de cette année (et puisqu’on a promis, on ne rappellera pas pourquoi). Les hôteliers et gondoliers sont désespérés, mais pour les Vénitiens, c’est l’occasion de réfléchir à une ville moins “touristico dépendante”, et plus préservée, aussi. Tout reste à faire, et les sceptiques ne manquent pas, mais quelques voix se sont élevées.

Paola Mar, maire adjointe de la ville en charge du tourisme a déclaré, sur France Culture : “On voudrait limiter le nombre de personnes qui viennent seulement pour 4 ou 5 heures. On a l’occasion de tout recommencer de façon différente : on veut faire comprendre aux gens que visiter Venise lentement, c’est mieux.”

Dans Le Monde, Claudio Vernier, président de l’association Piazza San Marco, qui rassemble les commerces historiques de la place et de ses environs : "ici l’activité touristique était à 100%. Quand vous êtes dans une monoculture et que tout s’arrête d’un coup, vous vous rendez compte qu’il y a un vrai danger : celui de devenir un lieu mort, une sorte de Pompei moderne." Il prône pour une limitation des entrées quotidiennes sur le site de la ville, qui passerait par un système de réservation.

  

Une avancée majeure, et concrète, dans la lutte contre le cancer

Venons-en tout de suite aux implications concrètes : Cédric Blanpain, professeur à l’ULB, a montré qu’un traitement utilisé pour lutter contre la leucémie (cancer du sang) pourrait être efficace contre d’autres types de cancer, notamment les tumeurs de la tête et du cou, et le cancer des poumons (le plus meurtrier). "Nous allons essayer de nouer un partenariat avec les personnes qui ont développé ces médicaments contre [la leucémie] et de réaliser des études précliniques chez des patients pour étudier l’activité de ces médicaments dans ces cancers", explique le Professeur Blanpain.

Comment le professeur en arrive à cette enthousiasmante conclusion ? Il a étudié un gène au nom peu flatteur : “FAT1”, soit “GRAS1” en français. Une mutation de ce gène est présente dans 30 à 40% des cancers “tête et cou”, poumons, cavité buccale, et peau. Avec son équipe, il a découvert que les mutations de FAT1 favorisent la formation de métastases, les caractéristiques invasives, et la résistance à certains traitements anticancéreux couramment employés. Et par ailleurs, ils ont découvert que les cancers qui présentent cette mutation sont particulièrement sensibles à d’autres médicaments, dont ceux utilisés pour traiter le cancer du sang. Tous les détails se trouvent dans l’étude récemment publiée dans la revue Nature.

 

Les pères pourront rester plus longtemps au chevet de leur nouveau-né

C’était inscrit dans l’accord du gouvernement et le conseil des ministres l’a approuvé le 20 novembre : le congé de paternité (ou congé de naissance puisqu’il concerne aussi les coparents) passera de 10 à 15 jours le 1er janvier 2022. Ensuite, il sera de nouveau allongé, à 20 jours, début 2023. "C’est une mesure à la fois symbolique et très concrète pour l’égalité entre les femmes et les hommes", a souligné le ministre de l’Emploi Pierre-Yves Dermagne. La mesure s’appliquera aux travailleurs salariés, aux indépendants et aux fonctionnaires.

 

Marta vs Neymar 1-1 : égalité de salaire pour les footballeuses brésiliennes

" Les joueuses vont gagner autant que les joueurs, il n’y a plus de différence de genre, la Confédération brésilienne de football traite hommes et femmes de façon égalitaire ", a déclaré le président de la Confédération, Rogério Caboclo. C’est une annonce historique qu’a faite la Seleçao le 3 septembre dernier. Quand ils porteront le maillot jaune et vert, Marta, élue six fois meilleure joueuse du monde et Neymar, la star internationale, gagneront les mêmes montants. Dans son club d’Orlando, Marta gagne 100 fois moins que Neymar au PSG.

Le lendemain, l’Angleterre faisait la même annonce mais, dans le monde, peu de femmes sont payées par leur club au même niveau que les hommes. Les différences sont souvent abyssales. Les joueuses américaines, quadruples championnes du monde, se battent pour obtenir l’égalité salariale mais elles n’ont toujours pas remporté ce match.

 

Une victoire pour les éléphants et les manchots

Sur terre, il y a aussi de bonnes nouvelles pour les animaux. Côté savane, le Kenya a annoncé avoir doublé sa population d’éléphants en 30 ans. Le pays compte près de 35.000 pachydermes, alors qu’ils étaient en voie d’extinction. La lutte contre le braconnage a donc porté ses fruits. Les peines encourues par les criminels peuvent aller jusqu’à 20 ans de prison pour l’exportation illégale de produits issus d’espèces menacées.

Côté banquise, une étude menée à partir d’images satellite a révélé l’existence de onze nouvelles colonies de manchots empereurs en Antarctique. Une découverte qui augmente de 20% le nombre de colonies de l’espèce répertoriées sur le continent.

 

Kidnappé à 5 ans, un Indonésien de 17 ans retrouve ses parents grâce à Street View

Ce sera notre conte de Noël. La belle histoire de l’année. A 5 ans, Ervan Wahyu Anjasworo vit à Sragen, sur l’île de Java. Il sort rendre un jeu vidéo qu’il a loué, et ne revient jamais : il se fait enlever par un artiste de rue qui le fait jouer dans ses spectacles. Pendant deux ans, il vit dans la rue. Il va d’abord à Surakarta, non loin de Sragen, et échoue finalement à Bogor, à 600 km de chez lui.

L’artiste finit par prendre peur à l’approche d’une patrouille de police et l’abandonne. Ervan est d’abord recueilli par une famille, puis il est pris en charge dans un centre, et fréquente une pension islamique. Aujourd’hui, Ervan a 17 ans. En septembre dernier, il traîne sur Google, alors qu’il suit une formation professionnelle. Il se souvient d’un marché traditionnel où l’emmenait sa grand-mère, mais ne sait plus dans quelle ville c’était. Il se souvient par contre de Surakarta. Il commence par là puis explore une par une les villes voisines, via Google Street View. Il finit par retrouver le marché, dans sa ville de Sragen.

Un travailleur social prévient alors ses homologues de Sragen, qui lui envoie finalement des photos, sur lesquelles il se reconnaît, ainsi que sa famille. Il se souvenait toujours du visage de ses parents, et de ses frères et sœurs. Aujourd’hui réunis, ils ont pu raconter leur incroyable histoire à la presse. Une histoire digne d’un film, d’ailleurs étrangement similaire, à Lion, comme le souligne le Courrier international.

en relation